Écrit par daniel

makesense & Im(prove) s’associent pour vous partager une série d’articles sur l’importance de la mesure d’impact.

La mesure d’impact interpelle souvent les porteurs de projet en phase de lancement. Mais force est de constater que la plupart d’entre eux n’osent pas franchir le pas. Nous vous proposons un tour d’horizon des avantages et inconvénients de la mesure d’impact en phase de lancement, des conseils pour vous lancer le plus habilement possible, le tout agrémenté de témoignages de porteurs de projets.

Pourquoi évaluer son impact ?

Mesurer votre impact présente deux types d’intérêts non exclusifs, des intérêts « internes » et des intérêts « externes ».

Nous avons réalisé que l’évaluation d’impact est un réel vecteur de valorisation. Nous croyons de plus en plus à la force des chiffres.
LUCIE – TOO GOOD TO GO

Les intérêts externes de la mesure d’impact sont certainement les plus connus.

En effet, la mesure d’impact permet de témoigner de façon objective des effets que vous produisez sur la société. Elle devient alors un outil de communication très fort, permettant de légitimer et de convaincre de l’intérêt de vos actions. Faire la preuve de votre impact permet de rendre des comptes à vos parties prenantes, qu’elles soient opérationnelles ou financières, mais aussi de convaincre de nouveaux partenaires. Elle apporte aussi une visibilité à vos actions auprès du grand public et participe donc à une certaine action de sensibilisation.

La mesure d’impact sera pour nous un outil de communication à destination de nos partenaires d’une part, permettant de valoriser la manière dont nous contribuons au « Bien vieillir » des seniors; et à nos Alphonses d’autre part, pour leur présenter les actions que nous souhaitons mettre en place à la lumière des résultats observés.
LES TALENTS D’ALPHONSE

Les intérêts internes de la mesure d’impact sont tout aussi essentiels, si ce n’est plus.

On oublie parfois l’aspect stratégique de la mesure d’impact, qui est un outil de pilotage puissant. La mesure d’impact permet d’objectiver les effets de vos actions, de mieux les comprendre, d’identifier les facteurs qui vont positivement ou négativement influencer ces effets, et donc de révéler vos leviers d’amélioration. En interne toujours, organiser sa mesure d’impact présente un aspect fédérateur de votre équipe. Une bonne mesure d’impact nécessite en effet que la mission sociale ainsi que les moyens mis en place pour la remplir soit clairement identifiés et partagés par l’ensemble des membres de votre équipe.

En tant qu’acteur de l’Economie Sociale et Solidaire, l’étude d’impact nous guide dans nos décisions, dans les actions que nous menons. C’est une manière de savoir si on se ment à soi-même, de vérifier l’adéquation entre notre vision et notre stratégie d’intervention. On se confronte au réel, on obtient quelque chose de concret. 
EDOUARD – WECANDOO

Pourquoi se lancer en amont ?

Les « pour » et les « contre »

On entend très souvent des porteurs de projets en phase de démarrage dire qu’ils s’intéressent à la mesure d’impact, mais qu’ils estiment que « ce n’est pas le moment » ou « c’est trop tôt ».

Et pourtant … Pour vous aider à y voir plus clair, voici les avantages et inconvénients liés à la mesure d’impact en phase de démarrage :

Les avantages

La prise de recul sur sa stratégie. On ne mesure pas d’impact sans avoir clairement mis à plat la mission sociale et l’ensemble des actions s’y rattachant. En clair, lorsqu’on mène une mesure d’impact, on ne se lance jamais tête baissée dans la construction d’indicateurs (rédaction d’un questionnaire etc.). Tout d’abord, on formalise toutes les hypothèses qui rendent compte du lien « action – effet ». Cette étape de travail peut se faire à n’importe quel moment dans l’évolution du projet, et il est préférable de la mener le plus tôt possible car cette formalisation de la stratégie d’action permet déjà d’identifier les facteurs qui pourraient positivement ou négativement influencer les impacts potentiels.

Préparer le terrain permet de répartir les coûts. Amorcer la mesure d’impact permet de se préparer au moment où l’analyse sera véritablement effectuée. En effet, même si vous estimez ne pas avoir encore d’impact, ou un impact insuffisant, cela n’empêche pas de prendre les devants. Tenir une base de données à jour sur les activités déployées, leurs nombre, leur récurrence, les bénéficiaires concernés, etc. rendra la réalisation de l’étude future bien moins coûteuse puisque nombre d’informations seront déjà récoltées.

Les données récoltées en début d’activité peuvent servir de référentiel de comparaison. Se lancer rapidement dans une récolte d’informations rendra l’analyse des données beaucoup plus intéressante : en posant un état de lieux, cela rendra accessible des analyses du type avant vs. après l’action, les analyses seront plus fines et cela augmentera l’aspect conclusif de vos résultats.

Mobiliser et fédérer les parties prenantes. Comme présenté ci-dessus, entamer cette démarche permet de fédérer votre équipe autour de questions essentielles: Quelle est ma mission sociale ? Les moyens que nous nous sommes donnés sont-ils suffisants ? Quelle place accordons-nous à nos différentes branches d’activités ? etc. C’est aussi un outil de mobilisation pour vos partenaires opérationnels.

Pour terminer, lancer une démarche de mesure d’impact peut donner confiance à vos partenaires financiers. Cela témoigne de votre propre confiance d’une part, mais aussi de votre transparence.

Les inconvénients

Les inconvénients sont les mêmes que pour toute mesure d’impact, qu’elle soit menée très tôt ou plus tard dans le déploiement de votre activité, mais dans un degré différent. La question des ressources humaines et financières est évidemment présente, mais elle peut représenter un enjeu bien plus fort en tout début d’activité.

Le financement.  Le premier frein que vous rencontrez bien souvent est la question financière. Se lancer dans une mesure d’impact requière des ressources, tant humaines que financières. Or, dans la phase de lancement d’une activité, la question des ressources financières est d’ores et déjà un enjeu très élevé. Dans ce contexte, prendre la décision de consacrer une partie de ses ressources à de la mesure d’impact n’est pas si évidente.

Le temps. De même, lorsque la question financière est résolue, la question des ressources humaines perdure. Même dans le cadre d’une externalisation complète de la mesure d’impact, les membres de l’équipe sont régulièrement mobilisés. Il peut parfois être compliqué de gérer cette mobilisation autour de la mesure d’impact tout en s’acquittant de ses responsabilités opérationnelles.

C’est important de mettre en place les choses dès le début pour pouvoir suivre les évolutions.
MARGAUX – LES ASTROLIENS

Comment financer ma mesure d’impact ?

Nul besoin d’aller frapper directement aux portes des grandes institutions, financer sa mesure d’impact c’est d’abord mobiliser vos (res)sources habituelles ; à savoir vos grands partenaires, votre conseil d’administration et/ou vos donateurs. Sensibiliser son cercle proche et le convaincre de l’utilité de l’évaluation d’impact est primordial pour rendre crédible votre démarche. Pour construire un discours convaincant, aidez-vous de votre stratégie de développement et intégrez la mesure d’impact au déploiement de votre projet, notamment dans l’axe de recherche de fonds. Attention, il n’existe pas de coûts standard de la mesure d’impact. Tout dépend du type d’accompagnement (coaching pour internaliser la mesure d’impact, externalisation partielle ou totale, etc). Si d’emblée, la mesure d’impact apparait comme un poste clair de dépenses, les fonds récoltés amortiront de fait les dépenses liées à l’évaluation. Après avoir déterminé le moment le plus propice pour intégrer la mesure d’impact à votre activité, se pose la question de son financement. S’il vrai que la mesure d’impact représente un coût important à prévoir dans son budget, il existe aujourd’hui différentes sources de financement sur lesquelles vous pouvez vous appuyer.

 

En complément de vos ressources habituelles, le contrat à impact social, fer de lance du Gouvernement de développement de l’économie sociale et solidaire et du « Social Business Act 2018 », vous donne la possibilité de vous faire financer par un acteur privé qui sera, a posteriori, remboursé par l’Etat. Dans cette lignée, les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses à recevoir des porteurs des projets et à leur accorder des subventions d’aide à la mesure d’impact.

 

Ainsi, pour financer votre mesure d’impact, nous vous conseillons de partir de votre environnement (micro) pour aller vers d’autres acteurs de l’écosystème de l’ESS, aussi bien publics que privés.

Les conseils pour vous lancer dans un processus de mesure d’impact :

Sensibilisez vos équipes et vos partenaires. Aborder la mesure d’impact dans une approche collaborative créé un sentiment de confiance et d’engagement partagé, par toutes vos parties-prenantes, à l’égard de la démarche. Interviewer vos partenaires peut vous aider à définir les objectifs de votre mesure d’impact.

Intégrez la mesure d’impact à votre process habituel. Avant d’entrer dans les indicateurs et les évaluations statistiques, la mesure d’impact consiste à créer des outils de collecte de données (formulaire d’inscription, questionnaire de satisfaction, etc.) et tenir rigoureusement sa base de données (mises à jour régulières, nettoyage).

Prenez contact avec d’autres entrepreneurs sociaux. Echanger sur la mesure d’impact permet de trouver des réponses à vos questions et de vous enrichir des retours d’expérience d’autrui.

Collaborez pour partager vos frais. Mesurer son impact peut se faire individuellement ou collectivement. Rien ne vous empêche de trouver une structure similaire à la vôtre, qui partage votre vision et de vous mettre ensemble pour avoir accès à une évaluation d’impact. Dans cette perspective, les actions de plaidoyer peuvent appuyer votre Démarche.

Les entrepreneurs témoignent

Wecandoo
Les Talents d'Alphonse
Too Good To Go
Wintegreat

« C’est important de l’avoir en tête dès le début de son activité ! Dans une start-up, les aspects opérationnels [NDLR. tâches techniques, commerciales, marketing, etc.] se développent au fil du temps. Il faut donc penser à son étude d’impact suffisamment en amont, afin qu’elle puisse être déployée en phase de croissance.  »

« C’est un bon exercice de prise de recul ! Les premières étapes de l’étude sont très structurantes: elles permettent de formaliser le « pourquoi » de ses activités, de définir des KPIs à suivre pour vérifier qu’on atteint bien sa mission sociale. Nous avons été amenés à décomposer ce que signifie le « Bien vieillir » et la manière dont nous y contribuons.  »

« C’est une manière de fédérer notre communauté. On communique auprès de nos commerçants sur le nombre de repas sauvés grâce à l’application: cela leur permet de chiffrer leur engagement, et d’accroître ainsi leur motivation »

« Pendant l’analyse et la mesure d’impact, il faut que l’organisation puisse se rendre disponible, […] et ça n’est pas toujours évident lorsqu’on est pris par l’opérationnel.»

Article et entretiens réalisés par Chloé Dailly, Laure de Solère et Anne-Laure Hernandez- (IM)PROVE

Retrouvez les interviews complètes sur le site www.im-prove.fr

Pour tout complément d’information : contact@im-prove.fr & entrepreneurs@makesense.org